Les représentations erronées sur le MDT

Il existe de nombreuses idées reçues associées au MDT. Les principales sont recensées ci-dessous :

France Common Misconceptions v3

Passons en revue chacune de ces affirmations point par point afin de mieux expliquer ce qu’est le MDT :

Le MDT n’est pas qu’une série d’exercices 

Il est entendu que les exercices ont une place importante dans le MDT. Cependant, penser que le MDT se limite à cela revient à passer à côté du fait qu’il est aussi une méthode d’évaluation, un mode de raisonnement clinique et un paradigme de résolution de problèmes. L’interrogatoire préconisé dans le MDT forme le début d’un triage diagnostique. Il permet non seulement de déterminer si la douleur est à dominante mécanique, mais il prend aussi en compte la dimension biopsychosociale (drapeaux jaunes) tout en recherchant de façon concomitante les signes d’alertes médicales (drapeaux rouges). Des hypothèses sont formulées et sont ensuite testées pendant l’examen physique. Pour les patients pour lesquels l’approche MDT sera indiquée, en tant que traitement, le management MDT n’est pas seulement un protocole que l’on applique :

-        Les exercices sont modifiés et adaptés en fonction de l’évolution de la réponse symptomatique et mécanique.

-        Si nécessaire, des mobilisations seront utilisées en complément des exercices.

-        L’éducation posturale et ergonomique occupera une place très importante dans le management.

En résumé, l’approche MDT est avant tout un système d’évaluation et de raisonnement clinique. La forme de traitement qu’il propose repose sur des exercices d’auto-traitement, sur de l’éducation posturale et en complément, parfois, sur des techniques de thérapie manuelle. 

Le MDT ne concerne pas que le dérangement 

Bien que très répandu, le syndrome de dérangement n’est pas le seul syndrome pris en charge par le MDT. Les deux autres syndromes (dysfonction et postural) sont des entités cliniques importantes. La catégorie « AUTRES » rassemble un certain nombre de sous-groupes de pathologies qui peuvent aussi être reconnues par des cliniciens formés au MDT et traitées de façon appropriée. Par exemple le sous-groupe « AUTRES » comprend les sténoses foraminales, le canal lombaire étroit, les syndromes de douleurs chroniques, le syndrome de déconditionnement, les syndromes sacro-iliaques, les radiculopathies mécaniquement non-répondantes, les traumas en voie de guérison ou non et les statuts post-chirurgies. Un certain nombre de ces sous-groupes pourra bénéficier de stratégies de traitement MDT.

Le MDT ne consiste pas uniquement en des exercices en extension 

Bien que l’extension soit un mouvement qui soulage fréquemment les douleurs rachidiennes, toutes les directions de mouvements sont envisagées à la fois dans l’évaluation et dans le traitement. La direction des exercices réalisés pendant le traitement dépend entièrement de la réponse symptomatique et mécanique lors de tests mécaniques. Au final, tous les patients qui souffrent d’un syndrome de dérangement feront de la flexion à un moment ou à un autre de leur traitement : ceux qui ont une préférence directionnelle en flexion travailleront dans cette direction d’emblée. Et ceux qui ont une préférence directionnelle en extension feront de la flexion plus tard dans leur traitement, dans la phase de récupération de fonction. Puisque la flexion est très certainement le mouvement le plus important du rachis dans les activités de la vie quotidienne, un des objectifs du traitement constitue à ce que le patient récupère une bonne endurance à la flexion.

Le MDT ne concerne pas seulement les disques intervertébraux 

Même si le modèle discal est un moyen pratique d’expliquer le syndrome de dérangement rachidien, l’origine véritable de la plupart des douleurs lombaires demeure hypothétique. Il faut souligner que le MDT ne dépend pas d’un diagnostic patho-anatomique, mais qu’il se base sur des syndromes cliniques. Cette classification par syndrome est déterminée par l’interrogatoire et sur la base de la réponse mécanique et symptomatique lors des tests mécaniques. Par conséquent, ce n’est pas la source anatomique présumée de la douleur mais la présentation clinique qui informe le praticien et oriente le choix du management. Le MDT peut tout à fait s’appliquer avec succès au traitement de douleurs issues d’articulations qui n’ont pas de disque (les articulations des deux étages cervicaux supérieurs, les articulations sacro-iliaques, les articulations des extrémités).

Le MDT ne se fonde pas uniquement sur des mouvements répétés de fin d’amplitude 

Les postures statiques, et les mouvements de milieu d’amplitude font aussi partie des options. Toutes ces possibilités sont inclues dans deux concepts complémentaires utilisés autant dans l’évaluation que dans le traitement MDT : la « progression des forces » et les « forces alternatives ».

Le MDT n’ignore pas le modèle bio-psycho-social 

Dans sa pratique, de par l’accent mis sur l’éducation et la responsabilisation du patient, le MDT est clairement un système puissant de prise en charge bio-psycho-sociale. Les praticiens ayant suivi le cursus du MDT sont formés à reconnaître les facteurs psychosociaux, notamment les réactions de peur/évitement (fear-avoidance) et les stratégies d’adaptation passive adoptées par certains patients. Traiter préférentiellement les patients, avec des stratégies d’auto-traitement, contribue à redonner un sens de contrôle aux patients, à leur redonner confiance dans leur corps et ainsi, à désamorcer un certain nombre de drapeaux jaunes.

Le MDT n’exclue pas la thérapie manuelle 

Bien que le MDT cherche à privilégier une approche active en première intention, les mobilisations articulaires, et parfois même les manipulations, font partie intégrante de la progression des forces. La priorité, en MDT, est d’utiliser l’éducation du patient et de privilégier l’auto-traitement afin de réduire la dépendance du patient au praticien et responsabiliser le patient dans la gestion de ses symptômes. Lorsque ce n’est pas suffisant, le recours aux techniques manuelles permet d’aider le patient à passer un cap dans la réduction de son dérangement. L’intention derrière cette intervention manuelle est que le patient soit mieux à même de s’auto-traiter à l’issue de la séance. Dans cette perspective, l’usage de la thérapie manuelle, en MDT, est parfois indispensable mais se limite à des interventions ponctuelles. 

Le MDT ne concerne pas seulement la colonne vertébrale 

les concepts d’évaluation et de classification du MDT peuvent tout aussi bien s’appliquer aux extrémités. Cela donne d’ailleurs lieu à un volume croissant de publications scientifiques. 

En résumé, le MDT est avant tout un système d’évaluation et de classification. Il cherche à différencier les douleurs et les limitations fonctionnelles d’origine mécanique de celles qui ne sont pas mécaniques. L’utilisation d’un interrogatoire poussé et l’observation de la réponse symptomatique et mécanique, lors de tests cliniques (mouvements répétés, postures maintenues), permettent de classifier les patients en sous-groupes homogènes et de proposer des options thérapeutiques.